Le carnaval est un accord !
Il est un bruit, ou plutôt un assemblage de sons, de cris et de chants, un bruyant brouhaha drôle, un long et profond borborygme qui se propage dans les entrailles de la ville de Pézenas.
Il est une musique et en celà il doit s’accorder, trouver un équilibre dans une envoutante rengaine qui enveloppe et envahit les âmes qui dansent, filent et défilent dans les veines de la cité.
Il est une bousculade permanente, une boule de feu qui lèche et frotte les pierres froides des murs de chacune des maisons et va jusqu’à râper les visages des corps agglutinés sur les parois.
Il est à la fois sauvage et domestique, brusque et maîtrisé, indomptable et fidèle.
Il est une profonde secousse qui balaie les pavés, des milliers de pas qui se piétinent, un mille-pattes aux taches blanches et rouges accompagné de lucioles batifolantes. Elles le précèdent autant qu’elle le poursuivent, pataugeant dans l’air suant et chaud des êtres. Elles se frottent, s’excitent, font quelques étincelles, des petites lumières vives et fugaces qui flottent au-dessus du flot.
Il est gras, le lundi comme le mardi, même si je le préfère dans sa jovialité du lundi soir. Il propage la nuit, une énergie dingue et folle, et dans les ruelles, plus tôt endormies, un mouvement de marée recouvre la quiétude du village.
Il embrase les âmes, des silhouettes de toutes les tailles et de tous les âges, la plupart sous des panels blancs, sautant, frétillant, cognant, courant, bloquant, ruant, tout en mouvement, tous en mouvement. Elles sont obsédées par le Tamarou, une chimère à corne, qui , une fois sortie de sa tanière, les emmène à travers le temps.
Le carnaval est un voyage !