Dans un théâtre, celui de Pézenas, ce si joli petit théâtre qui invite à l’intimité des confidences, au chuchotement à voix haute, il y a des moments d’exception, des illuminations, des impromptus, qu’un Francis Huster impose !
Il est là, dans la salle, déjà là, bien avant le lever de rideau, entre nous, silencieux, tournant, allant d’un bout à l’autre de la troisième rangée de sièges, tandis que les gens s’installent et discutent. J’imagine que beaucoup ne l’ont pas remarqué.
Et soudain le silence s’installe, très vite, il nous parle, franc, direct, un peu froid, un peu rudement, il nous harangue sans attendre que nous ne savons rien de Molière, qu’on nous a menti, depuis toujours, même ici, nous tout érudits que nous sommes de Pézenas ! Lui nous dira tout, toute la vérité sur le personnage, le comédien, ce révolutionnaire !
Alors nous voilà aussitôt emmenés dans une incroyable histoire, celle de Jean-Baptiste, d’où vient-il, qui était son père, quelle était sa destinée, vers où et vers quoi ses émois l’employaient avec Madeleine Béjart. Un parcours initiatique avec des reliefs inconnus, des trappes inattendues, des coulisses racontées sous une tension permanente. Nous étions tendus, tenus par la voix autoritaire de Francis Huster. De cette histoire, de son histoire, Molière n’en sortira pas vivant. Il en sera même assassiné à la 4ème représentation du malade imaginaire, totalement effacé de l’histoire des hommes dont il a su croquer les travers. Toutes traces de ce génie seront détruites peu après sa mort, même son corps jeté lâchement à la fosse commune. Il ne restera qu’un acte signé Molière de la main même de Jean-Baptiste.
Ah comme j’ai aimé vous écouter nous révéler notre véritable histoire, dévoiler la vérité de notre passé, dénoncer la légende pour mieux évoquer l’absurde banalité des êtres, qu’ils soient communs ou immortels.